Extrait:
Christiane Lecocq, la pionnière du naturisme
Christiane Lecocq, c’est l’histoire d’une ouvrière de Tourcoing qui va se faire inviter en 1932 au Club Gymnique du Nord à Seclin et qui va y découvrir le naturisme. D’abord surprise, elle adopte vite cette philosophie des fesses à l'air.

Elle y fait la rencontre d'un journaliste, militant naturiste d'Arras et créateur du fameux club, Albert Lecocq. Et ensemble, iels vont sortir le naturisme de l’ombre : création du premier Club du Soleil pendant la guerre, du premier camping naturiste en France à Montalivet, et de la Fédération Française du Naturisme. Pour Christiane, c'est un art de vivre, un moyen de liberté et d’égalité sociale. Elle restera fidèle à ce combat jusqu’à sa mort en 2015, à 103 ans, laissant derrière elle un mouvement plus vivant que jamais.
Article complet (sur Christiane Lecocq):
https://www.vozer.fr/2021/02/14/flashback-christiane-lecocq-la-tourquennoise-pionniere-du-naturisme-en-france/
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[Flashback] Christiane Lecocq, la Tourquennoise pionnière du naturisme en France
Justine Pluchard, 6 min de lecture
14 fév. 2021, Flashback
Il caille alors on va parler soleil et été en ce week-end de Saint-Valentin, histoire de vous réchauffer un peu. Peut-être même de quoi vous donner envie d'enlever quelques couches de vêtements malgré le froid. Aujourd'hui on vous raconte la vie de Christiane Lecocq, la Tourquennoise qui a fondé, avec son mari Albert, la célèbre Fédération nationale de naturisme.
Comme tout le monde, Christiane est née toute nue. Elle, c'était à Tourcoing, le 6 avril 1911. Sa famille est modeste et Christiane va très vite entrer dans le monde du travail pour devenir ouvrière dans une lainerie, toujours à Tourcoing. En 1932, la jeune femme a 21 ans et se rend au dancing avec sa cousine comme c'est de coutume à l'époque. C'est un samedi soir d'août, la salle est comble et les cousines ne trouvent pas de place pour s'asseoir.
Comment fait-on par chez nous dans une telle situation ? Et bien on va gentiment demander à des gens déjà attablés si on peut squatter leur table avec eux. Christiane tente auprès d'un couple et ça marche. Forcément ça papote, ça fait connaissance et avant que tout le monde ne rentre chez soi, le mari propose aux cousines de venir avec eux le lendemain (ou le week-end d'après selon les versions) pour une virée au Club Gymnique du Nord au fort de Seclin.
Les deux jeunes femmes sont ravies : à l'époque, ces lieux et ces loisirs sont réservés à une classe au-dessus de la leur. Elles ne se font donc pas prier et les voilà le dimanche, près du grand théâtre de Lille, à attendre le car pour filer à Seclin.
Porter ou ne pas porter la culotte
Une fois sur place, elles trouvent bel et bien des gens en train de faire du sport. Sauf qu'ils sont nus. Tous et toutes. En 1932, on n'a pas trop l'habitude et on est encore loin de l'apparition du bikini. Mais une fois la surprise passée, Christiane fait elle aussi tomber les vêtements. "Moi, ça a été facile : je n’avais pas grand-chose, une petite robe et une culotte et j’adorais le sport. Ça ne m’a pas choquée, je ne me posais pas de question", explique-t-elle dans une interview au quotidien Sud-Ouest en 2010. Elle dira encore au même journal :
J’avoue que je n’ai pas réfléchi, et je l’ai fait, mais bizarrement, ça ne m’a pas du tout choquée et je me suis sentie très à l’aise pour jouer au ballon dans le plus simple appareil. Moi qui n’avais jamais vu d’homme tout nu !
Bien entendu, ce club naturiste est clandestin. Christiane s'inscrit quand même : "Il fallait un certificat de bonnes mœurs, un extrait de casier judiciaire et un certificat médical, vous vous rendez-compte...". Elle le fait en revanche sans rien dire à ses parents, surtout que sa mère est ultra catholique. Mais cette dernière va vite découvrir ce que fait sa fille chaque week-end : la jeune femme avait oublié que son inscription au club lui donnait aussi droit à un abonnement automatique à une revue naturiste, "Vivre d'abord". Avec plein de jolies photos à l'intérieur, bien évidemment. Et elle arrive où la revue ? Chez les parents de Christiane.
Imaginez un peu la tête de maman quand elle est tombée dessus. Surtout que Christiane est alors à peine majeure (c'était 21 ans à l'époque). Elle se serait écriée : "C'est pêché tout ça !" Le père, lui, ne trouve rien à redire. Du coup pas d'interdiction mais bizarrement juste une recommandation de sa mère : "Si tu y vas, mets au moins une culotte".
Mouvement d'utilité publique
Christiane ne portera jamais la culotte au fort de Seclin. Par contre elle va s'y faire passer la bague au doigt. C'est là qu'elle rencontre Albert Lecocq : il est originaire d'Arras, il est journaliste, militant naturiste et, surtout, le créateur de ce fameux Club Gymnique du Nord. Ils se marient dès l'année suivante, le 28 octobre 1933, et ne rêvent plus que d'une chose : "sortir le naturisme de son ghetto."
Ce n'est pas uniquement pour le plaisir d'être nu qu'ils font ça : dans le plus simple appareil, les classes sociales tombent. Ouvrier, bourgeois ou patron sont sur le même pied d'égalité en tout simplicité. Et en 1936, le naturisme franchit un cap : le mouvement est reconnu officiellement comme étant "d’utilité publique" par Léo Lagrange (premier sous-secrétaire d’État aux Sports et Loisirs pendant le Front Populaire), alors proches des époux Lecocq.
Sauf que la Seconde Guerre mondiale éclate et ne va pas aider le mouvement. Vers la fin du conflit, Christiane et Albert fondent quand même clandestinement le premier Club du Soleil dans les Yvelines avant de chercher quelques années plus tard un nouvel endroit, mais proche de la mer cette fois-ci. Les voilà en Gironde, pour la création du tout premier camping naturiste de France : le Centre héliomarin de Montalivet.
Un art de vivre
Ils en profitent aussi pour fonder la même année la Fédération Française du Naturisme, puis la Fédération Naturiste Internationale en 1953. Albert mourra en 1969 mais Christiane lui survivra de nombreuses années en étant toujours une fervente militante du naturisme. Elle a continué de travailler au sein de la Fédération et a également été à la tête de la revue "La Vie au soleil".
Pour elle, le naturisme était un art de vivre : "On ne fait de mal à personne, ce n’est pas honteux, et puis c’est si bon de profiter de la lumière, d’être libre. Pour moi, c’est une thérapie", expliquait-t-elle en interview. Elle a pu profiter de la lumière jusqu'à ses 103 ans : elle est décédée dans Yvelines le 24 décembre 2015.
A l'annonce de sa mort, le président de la Fédération dira que "si la France est aujourd’hui la première destination naturiste mondiale, avec 3,5 millions de pratiquant.e.s, dont plus de 1,5 million de Français, elle ne peut nier que c’est notamment grâce à elle !"
Pour vous écrire cet article, on s'est basé sur plusieurs sources, à savoir :
- Deux articles du journal Sud Ouest, l'un datant de 2010, l'autre de 2015.
- Deux articles de La Voix du Nord, l'un de 2015, l'autre de 2017.
- Du site de la Fédération Française de Naturisme
- De la chaîne Naturisme TV
C'est incontestable que sans Christiane Lecocq et son mari Albert Lecocq, le naturisme en France ne serait
pas ce qu'il est aujourd'hui ?
Petite contribution à l'aide des outils adaptés !
https://suno.com/song/3b0b429d-e34e-42e5-bbaa-993222864303?sh=wTIDkYRj2OouF8KC
ou l'audio seul
Christiane Lecocq est enterrée aux côtés de son époux, au cimetière de Carrières-sur-Seine. Lorsque je m'y suis rendu, il y a trois ans de cela, son nom n'était toujours pas inscrit sur la tombe ! J'avais informé la commune de cette situation. Je ne sais pas si, depuis, le nécessaire a pu être fait (par la famille ou par la commune).
Il faut dire que pour cette personne (de cette dimension), il n'y avait finalement pas grand monde à son enterrement (pas même le président en exercice de la fédération). Mais c'est vrai qu'il faisait gris et froid 🤔
Les personnes qui étaient à son enterrement, pourraient avoir la conscience et surtout, s'ils vont la voir sur sa tombe, de régler certains problèmes qui ne vont pas, en souvenir de Christiane Lecocq qui avait tant fait pour le naturisme.
La ffn pourrait également s'occuper de ça ?
En fait, j'étais entré en contact avec la commune en premier lieu pour savoir à qui appartenait le site de l'ancien club du soleil (et domicile de Christiane Lecocq jusqu'à son départ en maison de retraite), et s'il était visitable.
En effet, vu de l'extérieur, il paraissait globalement à l'abandon (même si des gens semblaient y habiter... à l'une des entrées, il y avait des sonnettes avec des noms dessus. J'avais même aperçu des véhicules privés stationnés). Et rien à l'extérieur pour signaler le passé du lieu, à l'exception d'un petit panneau d'époque, à l'inscription délavée...
Le site est propriété de la commune (c'était en tout cas le cas en 2022). Et c'est grâce à une élue que je pus finalement le visiter.
C'est à l'occasion de mes échanges avec la commune que je crus comprendre que cette dernière n'excluait pas de se substituer à la famille -défaillante- pour l'inscription sur la tombe.
Par ailleurs, j'avais envoyé dans la foulée un message à la FFN, pour savoir si elle envisageait de faire - ou soutenir - quelque chose, afin de préserver la visibilité mémorielle du site. Sans réponse à ce jour.
Je crois que je vais relancer, et la commune, et la Fédération 😊.
@ Timbuktu : il me semble que non (à vérifier).
@ Guy49 : merci !
ils en parlent ici https://www.radiofrance.fr/francebleu/podcasts/200-raisons-d-aimer-le-nord-pas-de-calais/christiane-lecoq-l-incroyable-histoire-de-la-pionniere-du-naturisme-7214329
Christiane Lecoq, fondatrice de la Fédération française de naturisme, a marqué l’histoire du mouvement. De ses débuts à Seclin à son rôle central dans l’évolution du naturisme en Europe, on vous raconte l’histoire de cette pionnière du bien-être et de la liberté.
Le Nord-Pas-de-Calais, c’est aussi une terre d'innovations qui ne manque pas de charmer les curieux. Et aujourd’hui, une raison supplémentaire d’être fier de cette région : Christiane Lecoq. Ah, Christiane, on en parle encore ici. D’où vient cette fierté ? Eh bien, Christiane, c’est un peu la mère fondatrice du naturisme tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Née à Tourcoing, Christiane nous a quittés en 2015 à l’âge respectable de 103 ans. Elle n’a pas juste vécu longtemps, elle a marqué son époque. Avec son mari Albert, elle fonde en 1950 la Fédération française de naturisme (FFN) et trois ans plus tard, la Fédération internationale. Mais avant d’arriver à ces accomplissements historiques, il faut remonter à ses premières découvertes, tout à fait inattendues, du naturisme.
En 1930, l'audace du naturisme au féminin
C’était dans les années 1930, au fort de Seclin, un endroit un peu particulier. À une époque où les femmes n’osaient même pas dévoiler leurs chevilles, Christiane fait un premier pas vers la liberté... nue. Oui, vous avez bien lu ! Tout commence par une simple soirée dansante avec sa cousine. Mais voilà, elles rencontrent un couple un peu particulier, qui, fraîchement revenus de leur séance de sport à Seclin, les invitent à les suivre.
Le lendemain, une rencontre qui allait tout changer. Se retrouvent au fort de Seclin, mais pas pour faire du sport comme d’habitude. Non, non, on fait du sport… tout nu. Voilà comment Christiane a découvert le naturisme. Sa cousine, elle, était un peu plus perplexe, mais pas Christiane. Elle se sent directement à l’aise, sans tabou, avec un ballon de volley entre les mains. La suite ? C’est une histoire d’amour, de libertés retrouvées et de révolution tout en simplicité.
Et c’est ainsi que Christiane, payant sa cotisation et s’abonnant au magazine Vivre d’abord, se fait connaître dans le cercle naturiste. Sa mère, quant à elle, n’a pas tout de suite compris… Imaginez la surprise en recevant le premier numéro du magazine dans sa boîte aux lettres. Mais Christiane persiste et signe. Elle rencontre Albert, et voilà qu’un couple aussi audacieux que passionné va fonder un club du soleil en pleine clandestinité, durant la Seconde Guerre mondiale. L’idée ? Offrir un naturisme familial, social et respectueux de l’environnement.
Ce club est devenu aujourd’hui l’un des plus importants d’Europe, un centre où des générations de naturistes peuvent se sentir libres, accueillis, sans faux-semblant. C’est grâce à des pionniers comme Christiane et Albert que le naturisme a pris son essor et a su se répandre à travers l’Europe.