Visiter une exposition, nager à la piscine ou jouer au bowling… Complètement nu. C’est possible depuis une dizaine d’années en France. « Le naturisme urbain a émergé, à Paris d’abord, il y a six ou sept ans, retrace Viviane Tiar, présidente de la Fédération française de naturisme (FFN). Être naturiste, ce n’est pas juste être nu sur la plage l’été. C’est un art de vivre que l’on devrait pouvoir exercer toute l’année. »
Sous l’impulsion d’associations naturistes, l’offre s’est diversifiée, notamment en régions. En avril dernier, le Musée d’art contemporain de Lyon a ainsi organisé avec la Fédération française de naturisme Rhône-Alpes une visite nue de l’exposition Incarnations, le corps dans la collection – acte I. Quelque 325 visiteurs ont été accueillis durant ce créneau dédié.
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Paradoxe ?
En Loire-Atlantique, le Centre aquatique du pays blanc à Piriac-sur-Mer et la piscine de La Durantière à Nantes proposent depuis des années des créneaux de nage réservés, hors vacances scolaires. Toujours dans la cité des Ducs, l’association Les Kunus a organisé une sortie au restaurant fin juin pour une trentaine de convives. « C'était complet, on va le refaire, s’enthousiasme Bérangère Distave, la présidente. On a aussi été contactés par deux autres restaurants qui aimeraient nous accueillir. »
Des signaux positifs pour les naturistes des villes, qui œuvrent avec pédagogie. Car la France a beau être la première destination naturiste au monde, ce mode de vie reste méconnu et souvent assimilé à d’autres formes de nudité, voire au délit d’exhibitionnisme sexuel. « Le naturisme, c’est vivre nu. Cela implique deux éléments : l’environnement naturel et la vie en communauté », définit Margaux Cassan, autrice de Vivre nu , paru chez Grasset au printemps.
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Mais alors, n’y a-t-il pas comme un paradoxe à son essor en ville ? « Ce qui est intéressant, c’est de considérer le naturisme urbain comme une forme de vitrine du naturisme, répond la philosophe. Un premier pas, qui donne envie de passer de l’expérience au mode de vie. » Viviane Tiar abonde : « C’est aller vers le naturisme avec d’autres possibilités. » Pour la FFN, l’enjeu est aussi de toucher un autre public : « Ça permet aux personnes qui ne partent pas en vacances de profiter de ces activités sans faire des kilomètres. Et de transmettre les valeurs du naturisme, notamment aux jeunes. »
« Cyclonue » : une manifestation à plusieurs vitesses
Pédaler nu en ville pour alerter sur le climat et la sécurité à vélo ? C’est l’idée de la World naked bike ride (WNBR), née en Espagne en 2001.
En France, la première « cyclonue » autorisée a été organisée par la Fédération française de naturisme à Rennes (Ille-et-Vilaine) en 2020. Aujourd’hui, seules la capitale bretonne et Avignon accueillent cette manifestation. Non sans contraintes : cache-sexe imposé, circuit contournant le centre-ville…
Ailleurs, d’autres rassemblements organisés cette fois par la confédération Le Mouvement naturiste ont été annulés ces dernières années, faute d'autorisation préfectorale. Comme à Nantes (Loire-Atlantique) le 6 août dernier. « On n’a pas pu rouler à Nantes. C’était déjà le cas l’an dernier, puisqu’on avait été escortés par la gendarmerie de Châteaubriant de Notre-Dame-des-Landes jusqu’à Orvault, où une voiture de police nous attendait », détaille Bérangère Distave, secrétaire générale de la confédération Le Mouvement naturiste. À Lyon en revanche, la manifestation a finalement été autorisée samedi.
« Il y a des cyclonues dans plus de 40 pays, mais en France, ça coince, certainement par crainte et par méconnaissance des autorités », observe Régis Monseaux, président de l’association WNBR Cyclonue France, créée au printemps, justement pour « aider à l’organisation de cyclonues partout ».
Un bon résumé de la normalisation actuelle de la nudité dans l'espace public. Il faut dire qu'en plus, en période de canicule, le naturisme devient une évidence.
En dehors des cyclonues, ce n'est pas l"espace public"!