À une époque où l'intime se dévoile sans pudeur sur les écrans de nos smartphones, où les corps érotisés s'affichent dans l'espace public pour vanter les mérites d'une lessive ou d'une voiture, le corps nu dans sa plus simple expression continue de choquer.
Pourquoi la nudité est-elle taboue ?
- Sophie Fontanel Journaliste et écrivain
- Eric Fiat Professeur de philosophie à l'Université Paris-est, responsable d'un master d'éthique médicale et hospitalière appliquée
- Margaux Cassan Philosophe
PS J'interviens à 26:08
Oui merci pour l'info, le lien direct est à media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12440-24.07.2023-ITEMA_23445647-2023F19400S0205-22.mp3
et archivé à
Je l'ai écouté. Ça ne répond nullement à la question du titre, mais plutôt à "Quel intérêt personnel a-t-on à être nu... dans un *camp* naturiste".
Ce qui, finalement, est très peu intéressant, chacun fréquentant ou pas les lieux naturistes selon ses choix personnels.
Mais rien sur l'origine et le bien-fondé (?) du fameux tabou.
Rien non plus sur la problématique de ceux qui se sentent agressés par la nudité d'autrui. Tout était centré sur le ressenti de celui qui se met nu.
Rien, enfin, sur la nudité dans l'espace public et son illégalité (malgré le message vocal de Jacques)
Bref, rien... sauf le fameux marronnier ridicule de la nudité qui abolit les inégalités, comme si un maillot de bain ne les abolissait pas tout autant.
Débat très intéressant, merci pour ce partage.
L'un des participants (sans doute Eric Fiat) a dit quelque chose comme "l'homme est un être habillé qui doit donc se déshabiller pour être nu" et personne n'a fait remarquer qu'on peut très bien inverser le paradigme. Pour ma part, c'est l'inverse: quand je suis habillé c'est que j'ai fait l'effort de me couvrir, pour un tas de raisons plus ou moins pertinentes (désapprobation possible des autres ou risque pénal, protection contre le froid, séduction, etc.)
Le professeur de philosophie à l'Université Paris-est, donne les raisons pour lesquelles la nudité ne peut être banalisée, sur l'ensemble de la société.
La banalisation de la nudité, résulte d'un choix réfléchi, au sein d'un groupe restreint d'individus, qui apprécient de se retrouver entre eux dans un milieu approprié
L'idée d'étendre cette banalisation en dehors de milieux naturistes restreints n'est qu'une utopie.
@timbuktu Si ta as bien suivi ce que dit E. Fiat, ce n'est pas du tout ça: c'est au contraire la nudité collective dans un milieu "confiné" qu'il conteste au motif qu'il n'y aurait pas de nudité neutre non sexuelle et qu’elle ne serait acceptable que dans l'intimité. Tu cherches à lui faire dire ce qu'il n'a pas dit dans ton obsession à faire valider tes propres thèses en invoquant si possible des intellectuels de haut niveau.
Certes c'est un beau parleur, très cultivé, mais il a tout de même sorti quelques âneries, comme le "test du miroir" qui serait la spécificité humaine qui nous inciterait à masquer notre corps. Dommage que personne ne l'ait mouché en lui faisant remarquer que certains animaux le passe, le chimpanzé bien sûr mais aussi l'éléphant, le dauphin et même certains poissons et oiseaux.
Et aussi, je viens de vérifier, un enfant de 18 mois! On connaît l'appétence des jeunes enfants pour les vêtements! 
Encore raté timbuktu !
Reliquat de 2.000 ans d’éducation judéo-chrétienne, notamment. Sans la pression de la religion (des religions) la nudité ne serait pas si taboue.
@laffarge Il ne faut pas exagérer, je dirais plutôt 200 ans de puritanisme.
Et il y a de grandes différences dans les deux composantes du "judéo-chrétien".
Le christianisme ne condamne pas la nudité en tant que telle, mais il est strict sur la sexualité, et se montre surtout prudent sur la nudité dans la mesure où elle peut entraîner des dérives sexuelles (ne nions pas que la nudité est aussi un composant de la sexualité...)
Mais même un pape rétrograde comme JP2 était plutôt positif vis-à-vis du naturisme, car celui-ci défend une nudité non sexuelle.
Quant au judaïsme biblique, la vision de la nudité est très particulière et souvent mal comprise. On peut comprendre que, chez les Hébreux, on voulait surtout protéger sa nudité. L'offense, ce n'est pas se montrer nu, mais voir quelqu'un d'autre dans sa nudité. C'est exprimé dans l'épisode de Noé.
Et que l'épisode de la prise de conscience - et de la honte - de sa nudité après le péché est une tentative d'explication: pourquoi sommes-nous honteux de notre nudité? Il faut noter qu'en aucun cas il n'y a une instruction divine de se vêtir!
Et à la charnière entre les deux, les évangiles présentent des situations de nudité comme relativement banales, même si elles sont rares. Lorsqu'on présente Jésus comme sorti du tombeau, il est nécessairement nu (ses vêtements ont été partagés, et les linges dont il avait été revêtu sont pliés sur le bord du tombeau. C'est parce qu'il est nu qu'il est pris pour le jardinier, à une époque où ce type de serviteurs ou d'esclaves travaillaient le plus souvent nus.
En globalisant, on peut dire que se trouver nu en public - en particulier en face de "supérieurs" - est souvent perçu comme "déshonorant", ce qui est conforté par le fait d'autorités qui ont forcé le déshabillage en vue d'humilier.
Mais voir la nudité comme une offense, un "outrage à la pudeur" des autres, remonte tout au plus au début du 19e siècle.
Si j'en crois mes souvenirs, les souverains en tout genre se baignaient nus dans les rivières encore au dix-neuvième siècle. C'est à partir de la reine Victoria et, en France, du Second Empire que la pudibonderie (et non la pudeur) a sévi dans l'habillement. Dans les pensionnats de jeunes filles, celles-ci devaient faire leur toilette intime sous leur robe. Et ne parlons pas des costumes de bain de la Belle Epoque.
@jean-mi77 On a des photos de l'Empereur Nicolas II et ses filles se baignant nus dans un la près de Saint-Pétersbourg, au XXème siècle.
Paul Deschanel, éphémère président de la République en 1920, s'était baigné nu à Rambouillet, mais ça avait été pris pour un signe de désordre mental.
La définition de se mettre nu, c'est à chacun de la trouver ?
Très bon documentaire entre chaque participant, durant l'émission.
